Senses Brewing + Le Shed, un lieu à découvrir à Reims !

Yves Leboeuf, le brasseur des sens

On retrace donc les mille vies d’Yves, tombé très tôt dans la dégustation de vin (avec un père œnologue, ça aide). Mais ne voulant pas suivre la voie de son père, Yves part étudier dans l’agroalimentaire, dans le but très clair de devenir brasseur. Associer des ingrédients pour en faire un produit fini, c’est ce qui le passionne avant tout.

Durant ses études, il effectue des stages, d’abord chez Lallemand, le producteur de levures de Montréal. Puis à la Brasserie Lancelot, en Bretagne. Il poursuit par une école d’ingénieur en agronomie à Louvain, période durant laquelle il festoie beaucoup et avoue se planter dans ses études.

Étant en Belgique, il trouve alors un job de brasseur chez Chouffe de 2010 à 2012. Il découvre à la même période les Soirées maltées à La Fine Mousse à Paris et y rencontre beaucoup de monde du milieu de la bière.

En parallèle il continue de brasser en amateur, par brassins de 100L. Son pseudo de l’époque, c’est « Le brasseur des sens » (voilà d’où vient le nom de sa future brasserie).

En 2012, il devient blogueur pour le site Bières et Plaisirs (Québec). C’est d’ailleurs pour ça qu’il n’a pas hésité une seconde avant de m’inviter à passer durant cet Objectif Bière Tour 2024. Le blogging et les voyages, ça lui parle !

De 2012 à 2015, il part travailler pour la BFM, la Brasserie des Franches-Montagnes, en Suisse. Ensuite et jusque 2017, il se lance dans le Brussels Beer Project (BBP) et y élabore les 50 premières recettes de bières de cette brasserie de renom.

En 2017, il se décide à se lancer à son compte, achète un bâtiment à Reims et voilà comment démarre l’aventure Senses Brewing en 2018 (et Le Shed environ un an plus tard).

Le Shed

Shed en anglais, ça veut dire hangar, plus précisément les hangars avec des toitures en dents de scie, vous voyez ? C’est donc un ancien bâtiment industriel de 1500m² qui accueille à la fois la brasserie Senses Brewing, mais aussi le Shed.

Au programme : une large taproom, un restaurant, une scène pour les concerts, des expos, et des cellules à louer. Par exemple, un disquaire occupe l’une de ces cellules. La salle est membre de la coopérative Jazz US, ce qui permet une programmation régulière, en plus des nombreuses soirées à thèmes proposées.

Le restaurant du Shed sert environ 400 couverts par semaine, et les 20 becs de la taproom attirent forcément les passionnés de bière artisanale.

Pour ce qui est de la cuisine, je valide le Shed Burger et les frites maison à 100% ! Accompagné d’une Saison du Bosquet bien sèche, c’est parfait pour équilibrer un burger bien « gravy », comme dirait Yves 😀 Et en fin de repas, on peut remplacer le café par un bon Porter brassé en collab’ avec Anosteké !

Senses Brewing

Derrière un long rideau noir, à droite de la salle de concerts, se cache la micro-brasserie Senses Brewing. Parlons donc rapidement du matos. L’unité de brassage permet de produire 15 hectolitres à la fois, et les fermenteurs contiennent soit 15hl ou 30hl.

En plus des barriques présentes au pied des fermenteurs, un chai de barriques est présent au fond de la brasserie, pour la production de bières barriquées ou de fermentation mixte.

La gamme de bières

Assez étendue, elle tend à se réduire, car la brasserie est passée de 3 salariés à 1 seul brasseur. La production annuelle avait atteint 1300hl, on envisage maintenant de redescendre à 500hl par an, en recentrant un peu la gamme.

Une refonte des étiquettes se profile peut-être aussi, chaque bière de la gamme régulière ne se différenciant pas assez des autres au niveau des couleurs, même si les visuels de l’illustrateur Kekli sont magnifiques. Les 6 étiquettes des bières permanentes suivent le bleu / jaune / blanc de la charte de Senses.

Les autres gammes plus expérimentales sont nommées « Assemblage » (fermentations mixtes sur Yuzu, Rhubarbe, Litchi, Cassis…) et « Série gastronomique » (Gose concombre, Ambrée aux thés japonais, Imperial Stout vanille…).

La bière et les 5 sens

En écrivant cet article, j’ai pu déguster la Tigre d’Eau Douce, une Double Hefeweizen au miel, Barrel Aged, à 8.5%. Quand j’ai vu la mention « BA » pour Barrel Aged, j’ai eu un doute sur le fait que ça me plaise. Et pourtant ! Le nez est puissant mais en bouche, c’est doux et le miel apporte de la rondeur. Cette bière a été conçue en collaboration musicale avec le saxophoniste Laurent Bardainne. Alors en accord, je proposerais bien son titre « Destination Danger ».

Car oui, les accords bière et musique existent bien. Selon Yves, les 5 sens participent à l’expérience de dégustation d’une bière. L’ouïe en fait partie, et c’est l’Université d’Oxford qui le prouve ! Quand il travaillait pour BBP, il avait brassé la Salvation, une bière pour le groupe anglais Editors (un Porter au Earl Grey).

Oxford, pour son étude sur les biais cognitifs sur l’alimentation, a prouvé scientifiquement que cette bière correspondait bien au titre Salvation des Editors. La boucle était donc bouclée pour notre brasseur des sens !

Pour conclure

On termine donc l’OB Tour par une bien belle étape. J’ai pu discuter longuement avec Yves de son histoire, de son approche très singulière et intéressante de la bière, et du lieu bien sympa qu’est le Shed. En plus d’être brasseur, on sent en lui un vrai esprit d’entrepreneur. Un grand merci à lui pour son accueil et pour l’échange.

On retrouvera bientôt Senses Brewing au Beer Potes à Arras, mais aussi au BAL et au Mondial de Montréal. Quelques TTO sont aussi prévus cette année, donc soyez vifs !